samedi 31 décembre 2011

Présences de Max Roach



Abbey Lincoln a l'air d'une reine, elle chante un chant d'esclave.
Elle chante comme une reine un chant d'esclave.
La tête en arrière, la fierté dans le regard, la colère sur le visage, prends-toi déjà ça dans les dents.
Max Roach frappe sa batterie, d'abord en virtuose, puis en forçat.
On ne comprend pas bien pourquoi.
Et puis on sent les choses qui viennent.
On entend ceux qui sont convoqués
Max Roach cogne le rythme d'une vie sans âme.
Ce faisant, il réveille ces âmes à qui la vie a été interdite.
On sent les fantômes évoluer progressivement autour de lui.
On sent réveillée la lueur de leurs regards il y a longtemps éteints.
Max Roach relance une lutte que d'autres auraient voulu enfouir et faire taire.
Max Roach lève une armée d'ombres.
Il frappe comme un sourd et il est peu à peu habité par ceux qu'il réveille.
Si les vivants ne suffisent pas, il faut appeler les morts
Réveiller ceux qui n'ont pas été vengés
Réveiller les colères enfouies
Réveiller la brûlure qui ne s'endort jamais, poisseuse et acide, de l'injustice
Aller chercher dans la douleur ce qui peut pousser à mener le combat.
Max Roach frappe et voici ce qui se passe: il redonne un souffle aux morts.
Après quoi il peut se recueillir:
À sa mesure il fait avancer l'histoire.


lundi 21 novembre 2011

The Corner

En 1997 le journaliste David Simon et l’ancien policier Edward Burns publient The Corner: A Year in the Life of an Inner-City Neighborhood, compte-rendu d’une immersion de longue haleine dans les ghettos de l’ouest de Baltimore. Ces observations leur serviront de base dans l’élaboration de the Wire, devenue l’une des séries majeures de l’histoire de la télévision. Mais deux ans auparavant David Simon et David Mills ont créé une sorte d’adaptation de ce livre, une mini-série de six épisodes intitulée the Corner. Une mini-série qui est l’inverse du divertissement télévisuel classique puisqu’elle invite à prendre conscience d’une réalité, celle d’hommes, de femmes et d’enfants qui survivent tant bien que mal dans des quartiers où l’effondrement d’une classe sociale a coïncidé avec l’essor du trafic de drogue. The Corner est une rencontre entre une approche documentaire de ce sujet, approche purement descriptive, et une réflexion en forme d’état des lieux sur une société qui court à sa perte. En schématisant et en établissant une comparaison avec la littérature, c’est un peu comme une rencontre entre Albert Londres et Louis-Ferdinand Céline. Et c’est d’une puissance inégalée.


Ce qui place d’entrée de jeu the Corner au-dessus de la production télévisuelle de masse, c’est une question préalable qui prouve l’honnêteté de la démarche des auteurs mentionnés plus haut et de Charles S. Dutton, le réalisateur. En ouverture du premier épisode ce dernier se présente et explique qu’il est venu filmer ces coins de rue de Baltimore, représentatifs des milliers de coins de rue similaires qui existent aux Etats-Unis, pour raconter la réalité vécue par une classe sociale entière : celle des démunis. S’ensuit un entretien avec Gary, personnage central de la série, entretien qui tourne court ; et puis immédiatement dans la foulée commence la fiction : le point de vue est celui d’un narrateur immatériel, il n’y a plus de commentaire, mais des acteurs mis en scène. Le dispositif pourrait alors sembler poussif, voire contredire entièrement le discours préalable du réalisateur, mais l’intérêt de la chose est ailleurs : il s’agit de mettre en place l’identité de la série en la présentant comme le récit d’histoire vraies tout en prenant acte du fait que le « cinéma vérité » est une illusion. Les auteurs et le réalisateur vont au-devant de la critique qu’on pourrait leur faire, à savoir prétendre raconter la vérité en se détournant de la démarche purement documentaire qui serait a priori la mieux adaptée à cette volonté. Ils le font en montrant simplement qu’une approche « cinématographique » (il faudrait trouver un adjectif équivalent pour les séries télévisées) de la vérité est impossible car il est impossible de saisir objectivement cette vérité par le biais d’un dispositif technique trop imposant et surtout trop intrusif pour ne pas influencer ce qui est représenté. Ce constat est régulièrement renouvelé lors de pseudo séquences documentaires à la fin desquelles le réalisateur est constamment rejeté par ceux qu’il filme, incapable qu’il est de comprendre leurs raisons et surtout de respecter leurs sensibilités. Cette affirmation qu’un cinéma vérité relatant objectivement la réalité est un mythe ne peut du reste qu’être validée par les échecs répétés qu’a engendrés cette démarche[1]. On accepte dès lors le postulat formel de départ et sa bancalité  en acceptant l’idée que même si on assiste à une mise en scène avec des acteurs, the Corner relate une vérité d’ensemble et des faits réels précis.


Cette question de la réalité des faits est primordiale car pour un spectateur lambda (mettons : qui a toujours eu un toit, qui n’a jamais passé plusieurs jours le ventre vide et qui ne risque pas de mourir dès qu’il sort de chez lui) il est difficile d’accepter l’idée que les conditions de vie exposées dans la série puissent exister actuellement dans la première puissance mondiale, et par extension dans la société occidentale. Si l’on y rencontre peu de violence graphique à proprement parler, la violence psychologique et morale de the Corner est considérable, aussi forte que peut l’être l’expérience d’une prise de conscience douloureuse. Les auteurs et le réalisateur nous confrontent à une marge de la société et à une réalité bien souvent ignorées, puisque personne ne prend la peine de s’intéresser à elles et que ces dernières n’ont pas de porte-paroles (on peut douter du reste qu’ils seraient écoutés). Mais ils ont en plus l’intelligence de le faire de telle sorte que chacun des faits relatés prend valeur d’illustration dans la description d’un système d’ensemble. Ils évitent ainsi la gratuité du voyeurisme ou de la putasserie puisqu’ils ne s’arrêtent pas à la surface, souvent choquante, des choses, mais creusent au contraire en profondeur. Ce faisant ils atteignent leur essence et du même coup ce qu’elles recèlent d’universel, ce qu’elles nous révèlent sur notre société et sur les règles qui la régissent. Ce que l’on comprend en regardant the Corner, c’est que les impératifs qui dirigent l’existence d’un camé habitant un ghetto insalubre ne sont pas fondamentalement différents de ceux qui poussent un ouvrier, un employé ou même un cadre à mener sa vie telle qu’on le lui a appris : il faut gagner de l’argent pour survivre, et se divertir pour supporter ou oublier l’absurde et la violence sociale qui accompagnent ce mode de vie. La différence fondamentale étant que pour un junkie ces démarches se rejoignent directement : la survie, c’est l’oubli et le faux soulagement que procurent la drogue. Mais d’une classe à l’autre seules les apparences de ces impératifs varient, le fond reste le même. En descendant suffisamment bas dans la hiérarchie sociale, on rencontre donc un milieu qui n’a même plus les moyens de déguiser les rouages grâce auxquels nos sociétés roulent sans trop de cahots : ils apparaissent alors dans leur nudité barbare, révélant leur violence intrinsèque. Il y a donc une sorte de mouvement du particulier au général dans the Corner, mouvement illustré par les titres des épisodes. Tous sont intitulés « Le blues de… », suivi du prénom d’un personnage, et le dernier épisode s’intitule « Le blues de tout un chacun ». C’est cette progression intellectuelle que le spectateur est amené à suivre à mesure qu’il comprend ces réalités qu’il avait de grandes chances d’ignorer.


Puisque nous en sommes à des considérations sociales, un aparté pour souligner et chanter les louanges d’une idée présente dans the Corner aussi bien que dans the Wire en ce qui concerne l’approche du trafic de drogue. Lors d’un épisode le réalisateur interroge un policier et finit par lui demander « Est-ce qu’on va gagner cette guerre contre la drogue ? » Le policier répond « Sans commentaires » et sort du champ de la caméra, comme si cette question le confrontait à une réalité trop dure à supporter. Ce que les auteurs ont réussi à démontrer, notamment via cette scène, c’est que la lutte contre le trafic de drogue est et sera un combat contre des moulins à vent tant que nos sociétés seront régies par les règles économiques en vigueur de nos jours, puisque le trafic de drogue dans les rues des quartiers pauvres c’est l’appropriation des lois du marché par les classes négligées par le capitalisme. D’un point de vue moral (difficile de trouver un autre qualificatif), les créateurs de the Corner parviennent à contribuer à la lutte contre la drogue en montrant la réalité de ses effets : des corps détruits, des consciences annihilées et des rapports humains qui n’ont d’humain que le nom. Mais la tâche est imposante, notamment au vu de la glamorisation de la drogue dans son trafic comme dans sa consommation dans bon nombre de films, notamment hollywoodiens. Cette tendance  à vouloir rendre cool, voire rebelle dans les pires cas, l’idée de contribuer à la destruction d’individus parce que ça permet de faire de l’argent et de vivre avec « classe » n’est qu’une allégeance masquée aux règles de l’économie de marché. Elle ne fait que prouver une fois de plus que bon nombre de cinéastes ne sont rien d’autre que les putes d’un ordre économique établi, au point d’en défendre les crimes dans la joie. Fin de l’aparté.

Si la réflexion sociale à l’œuvre dans the Corner fait mouche, c’est aussi que ses créateurs parviennent à ne pas s’en tenir à une lecture politique et froidement analytique de ce qu’ils  observent et retranscrivent. Derrière tout ça il y a une démarche profondément humaine, et accomplie avec dignité, ce qui est rare dans la représentation audiovisuelle. Ces laissés pour compte ne nous sont pas montrés comme des bêtes curieuses, à la différence de ce qui est fait dans une immense majorités de films où les documentaristes s’emploient à mettre une distance entre le spectateur « normal » et le sujet filmé « anormal ». Cela dit, les auteurs ne sont pas non plus versés dans un angélisme travaillé par la mauvaise conscience qui va avec le confort inquiet des classes privilégiées, et à aucun moment ils ne cherchent à faire de ces drogués de pauvres victimes : ce serait leur manquer de respect. L’idée est de montrer que derrière ce que leur quotidien peut avoir de sordide ou de choquant, ces hommes et ces femmes sont confrontés à des problèmes humains, simplement. Dans la séquence visible au début de la vidéo ci-dessous, le personnage de Fat Curt, interprété avec le brio qu’on lui connaît par le constamment génial Clarke Peters, explique que chaque drogué cherche quelque chose dans la drogue, qu’elle est là pour combler un manque ou rendre silencieuses des douleurs qui semblent insurmontables. Les auteurs de the Corner nous invitent à creuser avec eux, à aller au-delà de la façade rebutante des choses. À terme on finit par reconnaître dans ces personnages des problèmes et des tristesses, mais aussi quelques moments de joie, qui sont simplement propres à la condition humaine. En donnant une voix à cette classe ignorée, les auteurs de cette série ne font alors ni plus ni moins que révéler une vérité sociale et une vérité humaine, l’une contingente, l’autre essentielle.


En observant la démarche de Simon, Burns, Mills et Dutton et leur volonté de faire entendre ceux que l’on n’écoute pas d’ordinaire, on repense au texte de Martin Niemöller, un pasteur qui connut l’emprisonnement dans les camps de Sachsenhausen puis de Dachau:

« Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester. »

Avec the Corner on observe un terrain de bataille après la défaite. On observe la vie de ceux qui ont tout perdu, et en qui on a surtout pris garde de faire mourir le sens du combat. On voit une classe sociale qui est passé en vingt ans d’un confort petit-bourgeois certain au dénuement matériel et humain le plus obscur. On prend alors conscience qu’une dynamique destructrice portée par un système économique hors de contrôle est en mouvement, et avance lentement mais sûrement. On prend conscience que, face à cette dynamique, la dichotomie entre une classe dirigeante et des classes dirigées est une réalité. Et l’on prend enfin conscience que détourner le regard et en affirmant que chacun sa merde et en refusant l’idée d’appartenance au peuple en tant qu’ensemble regroupant ces masses dirigées (qu’elles appartiennent aux classes inférieures, moyennes, ou parfois même supérieures), c’est se tirer une balle dans le pied.


[1] Non pas des échecs artistiques, mais il est impossible pour une personne filmant une autre personne de ne pas projeter sa propre vision des choses sur son sujet, parfois par perte de contrôle de son projet (dans la très intéressante Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin par exemple), parfois par incapacité à ne pas se servir d’outils cinématographiques comme le montage (comme dans l’amusant Hitler… Connais pas de Bertrand Blier). Il est de même extrêmement rare qu’une personne filmée agisse de manière complètement naturelle, ce qui fausse l’entreprise dans son ensemble.

mardi 15 novembre 2011

Ríos

Pendant les travaux la caravane aboie, voici donc une nouvelle compilation.
Une nouvelle compilation, mais attention! Avec de nouvelles règles du jeu en plus. Il n'y aura cette fois-ci pas de thème imposé, non, on est des fous, on jette les carcans à terre et on les piétine avec la rage dans les yeux. En revanche, on reste joueurs et on s'impose une contrainte: choisir en vitesse une douzaine de morceaux parus en 2011 uniquement, et qui sont l'oeuvres de personnes ou de groupes par nous inconnus il y a encore un mois. Parce que ce blog est et a toujours excessivement été du genre prise de risque, mise en danger, plongeoir de quatre mètres. Deux ou trois exceptions sont faites bien sûr, puisque les contraintes sont faites pour être ignorées. Ce faisant on joue avec les règles d'un jeu qui joue avec les règles d'un jeu, c'est une sorte de principe contrecarré qui se contrecarre lui-même... De la folie furieuse, en somme. Et de la bonne musique fraîche, surtout.




Ríos se télécharge en cliquant ici, et dans Ríos l'on trouve ceci:

1 bRUNA - Capítulo siete
2 Fuyuko's Fables - Buildings
3 Fabulous/Arabia - The ballad of state highway 1
4 St. Rupertsberg - Summer jams
5 Arlt - Sans mes bras
6 Arches - Flew out the window
7 del Cielo - Laisse-moi
8 Nona Marie and the Choir - This woman's work
9 Eternal Summers - Cog
10 I am Dive - Northern lights
11 Grooms - 3D voices
12 Trembling Blue stars - Between stations

En espérant que vous avez beau temps.

lundi 26 septembre 2011

Apache Autumn

Nous avons chanté l'hiver, le printemps et l'été, chantons l'automne, la boucle sera bouclée. Voici donc une compilation faites de chansons qui sentent un peu la pluie, un peu la lumière aussi, car des chansons qui ont le cul entre deux chaises parfois. Ce genre de choses. Ça tourbillonne un peu et ça va se paumer on ne sait où, c'est l'automne, quoi.


Pour télécharger tout ça il faut cliquer ici, et les chansons se présentent ainsi:

01 Course en avant
02 Pascal Comelade & Robert Wyatt - September song
03 Jake Thackray - Lah-di-dah
04 Trailer Trash Tracys - Candy girl
05 Jackson C. Frank - October
06 John Coltrane - Central Park West
07 Lucía Bosé & Gregorio Paniagua - Dime quién eres desconocido vecino
08 Adam Cotton & Howard Hughes - Your heart go
09 Tim Hardin - It'll never happen again
10 Nico - Little sister
11 Nick & Gabrielle Drake - All my trials
12 Benjamin Biolay - Novembre toute l'année
13 Baxter Dury - Len Parrot's memorial lift
14 Dick Annegarn - Coutances
15 Group Home - Up against the wall (getaway car mix)
16 The Innocence Mission - My sisters return from Ireland
17 Alex Beaupain & Armel Dupas - 09H36 10H06
18 Le Mans - La tarea

En vous souhaitant un bon automne bien sûr.


P.S.: l'automne c'est bien joli, mais si on peut prendre du rabiot de printemps, on ne va pas cracher dessus. Le ci-devant blog va donc sans doute connaître une période d'hibernation d'une durée indéterminée, puisqu'il est temps d'aller voir ailleurs comment c'est. Et merci bien.

mercredi 21 septembre 2011

Range ton prie-Dieu, les Russes débarquent

C'est à peine croyable, mais nous fêtons presque l'anniversaire de ce blog aujourd'hui. Ce non-événement est uniquement là pour servir d'appui à notre fainéantise, car comme dans une mauvaise série américaine, nous allons en profiter pour revenir en arrière. Plus précisément, sur certaines des personnalités marquantes que nous avons évoquées ici, et surtout sur ce qu'elles deviennent. Histoire de voir à peu de frais.


A tous seigneurs, tous honneurs, nous avons évoqué ici les glorieuses personnes de Chris Morris et Nicolas Winding Refn, ainsi que leurs œuvres. Or figurez-vous que ces deux-là nous ont respectivement pondu les meilleurs films de 2010 et 2011[1].

Avec We are four lions, Chris Morris a tout simplement atteint un sommet de comédie intelligente que l'on n'avait pas visité de puis La vie de Brian des Monty Python. Comme on pouvait s'y attendre, des bas de plafond (oui Pierre Moscovici, c'est de toi que je parle[2]) ont avalé de travers et se sont offusqué. À part que Chris Morris, dont nous ne cesserons jamais de louer l'intelligence supérieure, réussit en deux heures à renvoyer dans leur néant tous ceux qui voudraient faire des terroristes des monstres absolus enfantés par quelque vague engeance, satanique à n'en pas douter. Les terroristes de Morris, tout hilarants qu'ils soient, nous laissent au sortir du film avec une impression étrange: celle d'avoir eu un accès de lucidité, d'avoir entraperçu la complexité larvée dans les faiblesses de la nature humaine. Cartographier le monde instable qui est le notre, saisir l’état d’errance de l’humanité, le tout en nous faisant rire comme des baleines, voilà qui est un tour de force. On a donc hâte de voir la suite.


En ce qui concerne Nicolas Winding Refn, nous serons moins diserts afin de n'en pas trop révéler sur Drive, qui sort le 5 octobre prochain. Disons simplement que rarement prix de la mise en scène à Cannes a été si amplement mérité. C'est bien simple: le film commence par une scène de bravoure qui prend le contre-pied de ce que devrait être la scène d'ouverture d'un film banal, et il continue sur la même lancée pendant une heure et demi. Il y a là-dedans de la grâce, de la souplesse, des plans où l'amour et la violence sont réunis, où le kitsch devient d'une classe folle... En un mot c'est du très grand art. Difficile de savoir si Drive aura du succès, mais on peut être sûr que les centaines d'idées qui fourmillent là-dedans seront allègrement pillées dans les années à venir. Alors autant courir voir l'original pour prendre son pied au cinéma, vous savez quoi faire le 5 octobre au soir.




Dans plusieurs compilations (nommément celle-ci, celle-ci et celle-là) nous avons convoqué le grand talent de Frànçois & the Atlas Mountains. Soyons honnête, nous avons voulu à plusieurs reprises écrire un chiadé billet au sujet de ce groupe, et nous nous y sommes constamment cassé les dents. C'est un peu comme essayer d'attraper le vent avec un filet à papillons. Parce qu'il  y a de ça dans la musique de Frànçois & the Atlas Mountains, quelque chose de céleste, une émotion dans laquelle on se trouve soudain immergé et puis qui entre au plus profond de nous et nous renverse de l'intérieur. On se retrouve avec des larmes dans la gorge sans savoir pourquoi, et ça nous rend heureux. C'est de la fragilité robuste, un peu comme si on pouvait chevaucher une libellule. Quoi qu'il en soit, Frànçois & the Atlas Mountains va sortir un nouvel album, E volo love, début octobre (après une multitude d'E.P. et le premier et hautement beau Plaine inondable). Et à la réflexion nous pouvons affirmer que c'est pour nous l'album le plus attendu de l'année.




Nous avons ici fait part de notre béguin adolescent pour Matt Berry. C'est dorénavant officiel, nous sommes profondément amoureux de lui, et le considérons comme le novateur du Beau. Après avoir proposé en téléchargement gratuit[3] Summer Sun, un E.P. inégal mais franchement excitant quand il tapait dans le bon (entre chanson de sabbat avec « Gather up » et rock psychédélique avec « On a high (the sky is burning bright) »), Matt Berry a sorti son troisième album[4], Witchazel. Après une tendance à aller chercher le glamour graisseux d'arrangements renvoyant aux années 80 pour Opium, Matt Berry a choisi cette fois de se rapprocher du rock des années 70 via une fringale de petits détails et d’une forme hantée de folk anglais, allant jusqu'à convoquer pour la blague un certain Paul Mcartney (la blague a parfois marché) pour faire avec lui un duo défoncé où l'on exhorte l'auditeur à arrêter de se comporter comme un japonais, allez donc comprendre. Musicalement, c'est de très bonne tenue et quand on sait que Berry, en multi-instrumentiste accompli, joue quasiment toute la musique de l’album, on a le tirage de chapeau qui nous démange. Les Anglais commencent à reconnaître son talent puisque Witchazel a été élu comme un des meilleurs albums du mois lors de sa sortie par les très select disquaires Rough Trade, et que Jarvis Cocker himself a intégré le morceau « A song for Rosie » dans la programmation de son Sunday Service sur BBC6 Music. 
Parallèlement à cela, une édition DVD de Snuff Box, série coécrite par Matt Berry et son acolyte mighty-booshien Rich Fulcher, va voir le jour aux Etats-Unis. Dans les bonus, quelques comiques et acteurs US bien en vue y vont de leur éloge de cet humour. Prophétisons alors un peu: les Etats-Unis, via certaines de leurs vedettes, vont populariser quelques grands noms de la comédie anglaise contemporaine[5]. La France, comme toujours, suivra alors les Etats-Unis et découvrira avec dix ans de retard qu'il y a chez ses voisins des types formidables. Ce sera bien, mais c'est tout de même dommage que les décideurs télévisuels français soient à ce point infoutus de reconnaître le talent là où il est et de chercher l'inventivité ailleurs que dans leurs rectums.

Finissons par ce qui est peut-être la nouvelle musicale la plus excitante de l'année: nous avions parlé ici du grandiose #3 de Diabologum, et nous l'avions fait au passé. Sauf que Diabologum va se réunir pour quelques concerts dans les mois à venir, et que qui sait, peut-être, même si ça n'est pas à l'ordre du jour, ils referont un album ensemble. Si tel est le cas ça les pendules seront remises à l'heure, et la terre tournera plus rond.

C’est ainsi qu’Allah est grand et que la boucle est bouclée.


[1] Jugement un brin péremptoire, tant il est vrai que nous n’avons encore vu ni L’Apollonide de Bertrand Bonello ni Le Cheval de Turin de Béla Tarr.
[2] Explication: Moscovici et Morris étaient un soir invités sur un plateau de télévision; Morris présentait son point de vue, fort des années de recherches, de rencontres, d'observations et de réflexion qui ont abouti à ce film dont le propos est d'aller plus loin que la représentation médiatique du terroriste comme un nouveau grand méchant loup afin de réfléchir à l'essence du terrorisme. Et cette pauvre tanche de Moscovici de prendre un air pincé et de nous sortir son laïus préféré "Oui moi j'étais dans un avion qui survolait New-York le 11 septembre je peux vous assurer que ça rigolait pas." Si Pierre Moscovici connectait parfois ses deux neurones, il s'apercevrait que ce genre de réaction n’est au fond que de la rumination malsaine, tandis que le travail de Chris Morris est profondément constructif et propose un furieux décrassage de nos regards obscurcis par le traitement médiatique épidermique et hystérique du sujet complexe qu'est le terrorisme.
[4] car oui, mea culpa, nous parlions d'Opium comme son premier alors que non, Berry avait sorti dix ans auparavant un album absolument introuvable intitulé Jackpot, en prenant comme pseudonyme Jeffrey Porksmith, les anglicistes apprécieront
[5] il suffit de voir l'amour que porte Ben Stiller à Richard Ayoade, que nous évoquions en passant dans le billet sur Matt Berry et qui nous a offert cette année un très beau premier film, Submarine, produit par Stiller qui en profite pour y faire le caméo le plus minimaliste de l'histoire du cinéma.

mercredi 14 septembre 2011

Professeur Choron, chanteur


Il y a la musique. C'est un art majeur. De la musique découle la chanson (à moins que ce ne soit l'inverse, les témoignages manquent). C'est un art mineur selon certains (Gainsbourg par exemple), majeur selon d'autres (Guy Béart). On s'en fout, me direz-vous. Certes, mais c'est bien assez compliqué de commencer un billet sur l'auteur de l'inoubliable "Caca Chocolat" alors bon, voilà.


Le Professeur Choron est indubitablement un des plus grand Français à laquelle la mère patrie ait donné naissance. Prenons les paris: son art et sa philosophie survivront au genre humain. Cependant, et c'est malheureux, nous vivons une époque trouble dans laquelle une part essentielle de son oeuvre est introuvable, à savoir ses chansons. Car oui, on se souvient du Professeur Choron journaliste, du provocateur télévisuel, du génial bricoleur, du nihiliste absolu[1], mais le Professeur Choron c'est avant l'un des plus grands chanteurs que la musique indépendante française ait connu. Sans blague.

S'il n'était pas doté d'une voix inoubliable, il a en revanche un sens de l'interprétation qui donne un véritable poids à ce qu'il scande plus qu'il ne le chante sur des musiques toujours correctes au pire, franchement bandantes au mieux. Sans le Professeur Choron, Charly Oleg serait resté aux yeux de tous l'harmoniste télévisuel, alors qu'il suffit d'écouter "Noël Tohu-Bohu" pour s'apercevoir qu'il en avait sous la semelle.

Dans un autre ordre d'idée, Choron a enregistré plusieurs chansons à la fin des années 80 en compagnie d'un groupe assez peu connu, Los Carayos. Mais quand on sait que Los Carayos étaient formés de Schultz (Parabellum), Alain Wampas (les Wampas), François Hadji-Lazaro (les Garçons Bouchers) et d'Antoine et Manu Chao (la Mano Negra), ça a tout de suite beaucoup plus de gueule. Et Choron se trouve d'un coup placé au cœur du rock indépendant français des années 80/début 90, ce qui lui convient plutôt pas mal.

Et puis surtout il y a les paroles, qui se passeraient aisément de commentaires tant elles sont à la fois drôles, incisives et rudement bien observées. La meilleure chanson de Choron est peut-être bien "la Testiculance", phénoménale traversée de la vie d'un citoyen lambda de la naissance à la mort, d'où il ressort que tous les âges sont des âges cons et que la mort est une libération. Au milieu de tout ça de véritables fulgurances textuelles, telles cette grandiose définition de l'adulte: « 'Croient tout savoir, les gros cons! 'Savent rien, les gros cons! Pour traverser une rivière, faut qu'y construisent un pont! » Et même quand Choron joue de la fibre pipi-caca, c'est avec style, absurdité, en un mot avec une forme de classe profane inégalable. Et quand il va dans le trash (phénoménale "Javice"), il le fait si magistralement qu’il redessine les frontières de l’exercice.

Alors voilà, les chansons du Professeur Choron sont de l'art majeur, elles font partie de l'histoire du rock français et il serait temps qu'une maison de disque les récupère toutes (on ne connaît qu'une mince partie du bazar) pour les éditer en un disque qu'on pourrait ranger entre la Bible et Hitler=SS. De même qu'il serait temps que soit publié en DVD Ivre-mort pour la Patrie,  l'opérette sur ses souvenirs d'enfance sous de l'Occupation, dont la bande-son avait été composée par rien moins que Bertrand Burgalat (et dans laquelle apparaissaient le groupe de metal Treponem Pal et Dick Rivers, joli grand écart au sein de la musique française). Car si on nous pourrit la vie dès l’adolescence avec des crapules minables comme Voltaire, alors qu’au moins on ait la décence de traiter avec le respect qui lui est du le grand homme qu'est le Professeur Choron.


[1] « Rien n’est l’avenir de personne, sauf l’asticot qui consomme », qui dit mieux ?

vendredi 9 septembre 2011

La Signora di Tutti

Au début du film, une vedette de cinéma fait une tentative de suicide. Le spectateur est entraîné dans ses souvenirs et finit par comprendre le pourquoi du comment. Gloire, trépas entouré de mystère, construction en flash-back, qui a dit « Citizen Kane[1] » ?


C’est filmé par Max Ophuls, dont la caméra semble être faite de nuages. Elle capte les allées et venues, suit les mouvements et les élans, et sait comme personne faire exister le quatrième mur qui sépare le public de l’action. Kubrick est doué pour ça aussi, notamment dans l’Ultime Razzia.

Ophuls filme une actrice, Isa Miranda, dont il est de toute évidence amoureux. Elle le lui rend sans doute bien et cette alchimie crée des moments qui donnent des frissons. En la voyant un instant marcher comme une poupée cassée, on pense à Laura Elena Harring après l’accident de voiture qui ouvre Mulholland Drive, de David Lynch.


De fait, en voyant la Signora di Tutti, beaucoup de films et de cinéastes majeurs nous viennent à l’esprit. Et comme Ophuls l’a réalisé en 1934, l’esprit avisé en déduit que ce film et ce réalisateur ont influencé un paquet de beau monde. On peut donc voir la Signora di Tutti[2] si on aime le cinéma, ne serait-ce que pour jouer à l’historien à veste en velours côtelé.


Mais il y a mille autres raisons de le faire encore, au sommet desquelles Max Ophuls. Il y a longtemps que nous avons envie de parler de lui ici, mais par quel bout le prendre ? Presque chacun de ses films mériterait un panthéon. Alors parlons de son seul film italien, car tel est notre bon plaisir. Le cinéma d’Ophuls tire toujours vers le spectacle vivant, mais plus que le théâtre, c’est l’opéra son véritable point de mire. Opéra classique, opéra-bouffe, Ophuls aime les sentiments mis en scène avec ce mélange d’emphase et de sensibilité profonde, il aime quand ça gueule par peur de murmurer. Dans ses films les gens malheureux ne regardent pas la pluie tomber : ils se balancent par la fenêtre. Et la caméra les suit.


Mais il ne faut pas croire pour autant que le cinéma de Max Ophuls joue la poudre aux yeux, au contraire. C’est un cinéma de l’émotion, du drame, de l’emphase, mais qui colle de près aux élans intérieurs. En somme, c’est un cinéma de l’âme. Sa caméra sait se faire suffisamment aimante et bienveillante pour que les acteurs, et subséquemment les personnages, n’aient plus peur de s’exprimer véritablement. Car si Ophuls n’aime rien tant que les mouvements amples et les plans séquences savamment construits, il ne perd jamais de vue l’essentiel de la chose : le personnage. C’est pour mettre en lumière ce que ce dernier vit et ressent que la technique se plie en quatre, et c’est une belle chose que cela.


C’est ainsi que la Signora di Tutti est constellé de moments de bravoure, tout en étant avant toute chose un mélo absolu racontant l’histoire d’une femme qui se fait déposséder d’elle-même, qui voudrait exister mais ne parvient pas à être considérée autrement que comme une image. Ophuls se sert du cinéma en posant la question de l’actrice quand elle n’est plus à l’écran. Une pièce de théâtre se conclut par le salut des comédiens, le geste est symbolique : il y a eu les personnages, il reste les acteurs. Mais au cinéma cette différenciation n’existe pas, et des tonnes de sentiments sont projetés sur l’entité aux contours flous de l’acteur/personnage. Une actrice peut alors devenir « la femme de tous », titre de ce film, bien sûr, mais aussi titre du film qui fait la gloire du personnage principal.


Un film dans le film qui fait du film un miroir de la réalité, et qui fait d’Isa Miranda[3] une sorte de double de Gaby Doriot. On a alors le sentiment d’assister à une déclaration d’amour doublée d’une mise en garde où Ophuls prie Isa Miranda de ne jamais se perdre dans les méandres d’un système qui la ferait devenir femme de tous, inexistante en somme. Ophuls fait de ce film un écrin pour celle qu’il aime, sachant aussi qu’en la poussant ainsi sous la lumière il risque de la perdre. C’est bigrement complexe, et drôlement beau.


Il y aurait bien d’autres choses encore : ces moments où Ophuls fond plusieurs images en une, comme pour pouvoir embrasser le monde dans sa totalité en un seul plan ; cette scène assez banale où l’on devine en fond sonore les pleurs d’un personnage absent à l’image, comme pour mieux faire transparaître ce qui est au cœur des choses sans être visible pour autant ; ou encore cette scène qui touche au sublime, accompagnée d’un air d’opéra (tiens donc), où la maestria de la mise en scène transcende un récit sombre pour en faire une véritable tragédie. Ophuls est un grand technicien, mais il met cette virtuosité au service de l’âme de ses personnages et de leur histoire. En d’autres mots, c’est la perfection cinématographique.


[1] Loin de nous l’idée d’accuser Orson Welles de plagiat, d’autant que chacun sait (grâce à La Classe Américaine) qu’Orson Welles "n'aime pas  trop les voleurs et les fils de pute."
[2] Et tous  les autres films de Max Ophuls, à part si on aime le cinéma terne
[3] qui était vendeuse de gants avant que de devenir une star internationale grâce à ce film.

dimanche 28 août 2011

Remplissage estival n°4

Dernière étape de ce remplissage estival avant de revenir aux bisous réconciliateurs. Du coup, foutus pour foutus, touchons le fond. Et puis creusons un peu encore.


 François MulHollande Drive



 Didier Derlich tourneur



 Richard Donner Kebab



 Vincent Galop



 Compay Segundo



 Daniel Cohn-Bandit



 Omar J'arrive



 Jacques Lacancan



Toshiro Mifunès

mardi 23 août 2011

Remplissage estival n°3

 "Ma révolution esthétique était trop en avance sur son temps, voilà mon drame." Ainsi se clôt la lettre d'adieu laissée par Manuel.



 Il y a désormais quatre ans que les hémisphères du cerveau de Christian se livrent une bataille sans merci.



 Jefferson est en proie au doute: si l'homme a été fait à l'image de Dieu, comment admettre le caca?



 Affecté par l'inexistence de sa vie personnelle, Marcel a pris la décision qui s'imposait: intenter un procès à ses parents pour l'avoir fait si profondément terne et insignifiant.



 85 ans d'existence pour György, et une seul certitude: couper ses spaghettis, ça fait pédé.



 Duncan se sert de sa ressemblance avec Dieu pour tringler tout ce qui bouge.



 Nostalgique de l'héroïsme chevaleresque, Pio attend tous les soirs que l'open space où il travaille soit vide pour chevaucher son fauteuil à roulettes et aller se chercher un café en criant "Taïaut! Taïaut!"



 Quand l'inspecteur a demandé à Henriette pourquoi elle avait émasculé son mari, elle n'a su que psalmodier "Sa gestion de la comptabilité domestique était exécrable."



Gaston a le chic pour faire connaître au représentant de commerce moyen de profonds tourments métaphysiques.

dimanche 7 août 2011

Remplissage estival n°2

Claude s'est officiellement désintéressé du salut de son âme le jour où il s'est aperçu que le retour sur investissement était minime.



Dans le secret de sa cellule monacale, Régis rêve de latex.



La  phrase que Jan utilise le plus souvent est "Il y a toujours une lumière au bout du tunnel"; c'est en général après, quand il commence à comparer la vie à une boîte de chocolats, qu'il se fait casser la gueule.



Sylvain cultive sa part d'enfance en restant un petit crétin irresponsable et colérique.



La dernière fois que Ranjan a répondu à la question "À quoi tu penses?", il a fait quinze ans de prison.



Jean-Jacques sait. Et il rit sous cape.



Marc conclut toutes ses réunions de crise par une interprétation toute en candeur et en émotion du "P'tit quinquin".




"L'arbitre de ma raison a sifflé la fin de notre rencontre", disait la lettre de rupture que Tobias envoya à Eda, "mais tu garderas toujours une place sur le banc de touche de mon cœur."

mardi 2 août 2011

Remplissage estival n°1

Parce qu'en ce moment il est plus important de profiter de la ville déserte que de se nourrir l'âme, le mois d'août verra ce blog changer un peu de tournure: on a bouffé de la culture, place aux pets de l'esprit (c'est une formule de Victor Hugo alors voyez, ça n'est pas vulgaire). Le principe est simple: ricanons à peu de frais.


Rosalinde a cessé de croire en Dieu le jour où elle s'est aperçu qu'elle était l'unique adhérente du fan-club de Didier Derlich.



La tendre complicité qui unit François, François et François a d'abord reposé sur une conception commune de la gestion des masses salariales avant que de s'épanouir dans la coprophilie.



Brigitte a certes du s'endetter sur quinze ans pour acheter un mari en Ukraine mais, bordel, elle l'a eu son slow sur "La maladie d'amour".



Hector est plutôt du genre additions séparées.



Quand Rodolphe défend son idée de modulation des salaires sur les problématiques internes aux structures entrepreneuriales, il se demande toujours quel goût peut bien avoir le canon d'un revolver.



Hubert est en quête perpétuelle d'une forme idéale de douceur et d'harmonie. "En fait, explique-t-il, j'aimerais vivre dans du cassoulet."



Pour expliquer son humeur constamment heureuse, Bernard cite volontiers Voltaire; en vérité, il fume quotidiennement du crack en écoutant en boucle "Papayou".



Dans son autobiographie Ton nom, Liberté, Firmin confesse: "L'orientation que j'ai donnée à ma vie repose sur une simple question: pourquoi c'est sale, le trou-trou?"



Il aura suffi qu'Eusèbe traite Arnaud de "post-moderniste de mes couilles" pour qu'une scission irrémédiable s'opère au sein de l'Atlético Situationniste de Tauxières-Mutry.