Toutes les études
scientifiques concordent: l'été on a plus de temps pour réfléchir,
mais moins de neurones disponibles à cet effet. L'été on a donc
plus de temps pour ne pas réfléchir et agir inconsidérément, d'où
l'intérêt de la chose. C'est par exemple grâce à cet état de
fait qu'on peut s'enticher comme un adolescent d'une musique dont on
serait bien infoutu de dire si on l'écoutera encore dans deux mois.
De là à en parler sur ce blog, qui a bien évidemment vocation à
prendre la mesure de l'éternité, il y a un fossé, que nous allons
franchir dans la joie.
Kilo Kish a un nom pas évident pour asseoir une crédibilité en France (parce oui ça se prononce bien "Kilo Quiche", même si on peut ruser en disant "Keelow Keesh", voire "Keelo Kisha", ou même "Jean-Jacques" mais ça serait dommage), et c'est pour l'instant la seule chose que nous ayons à redire à son sujet. Pour le reste c'est à peu près un sans faute: elle a un flow nonchalant très classieux, chante sans l'affect mielleux qu'on trouve souvent dans les voix R'n'B, travaille avec des gens très recommandables (parmi lesquels Earl Sweatshirt et Vince Staples, que l'on évoquait en ces lieux pas plus tard que la semaine dernière, c'est dire la cohérence du bordel) dont elle sait s'approprier les productions en créant une alchimie entre elles et sa voix, et elle a des goûts vestimentaires sûrs, sa coiffure est soignée et nous mettons notre main à couper qu'elle sent très bon.
Kilo Kish est tombée
dans la musique un peu par hasard (il ne s'agit d'ailleurs que d'une
de ses nombreuses activités), en partageant un appartement avec des
musiciens dotés d'un home-studio alors qu'elle faisait des études
d'art à New-York. Voilà pour l'historique. Elle a d'abord publié
deux mixtapes (que l'on peut par exemple trouver ici et là) avant de
faire paraître il y a peu son premier EP. Un album suivra d'ici la
fin de l'année et, très probablement, Kilo Kish finira présidente
du monde.
Ce qu'il y a de grisant dans sa musique se ressent particulièrement bien l'été. Il est conseillé de l'écouter en marchant dans les rues d'une ville, en transpirant, en étant infoutu de concentrer ses pensées sur quoi que ce soit à cause du manque d'hydratation et de l'excès de stimuli externes. Sa voix a alors quelque chose d'hypnotique, bien aidée par le talent dont font preuve la plupart des producteurs avec qui elle travaille. Les rythmiques s'adaptent particulièrement bien à un état général de surchauffe consentie et appréciée, tantôt lascive, tantôt nerveuse et rebondissante, et il semble souvent que ces chansons ont été conçues pour accompagner la lumière d'été et ses variations. Dit autrement en écoutant Kilo Kish on se retrouve assez régulièrement avec l'envie de faire l'amour à la terre entière. C'est donc un disque tout indiqué pour l'oisiveté et l'errance diurne. Plus tard l'automne arrivera et il est bien difficile de savoir ce qu'on pensera alors de cette musique (encore qu'on s'imagine très bien réchauffer un matin d'hiver à coups de "Navy", par exemple), mais pour l'instant ces considérations nous dépassent complètement, nous sommes ivres de la musique de Kilo Kish et nos journées sont débordantes.
Nos nuits aussi grâce à une exhumation (musicale bien sûr) fort bien sentie, on prend rendez-vous la semaine prochaine pour en parler.
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