Man, I've been wasting so much time
Walking the same street every night
Don't you think maybe it's about time?
Walking the same street every night
Don't you think maybe it's about time?
Arpenter les mêmes rues sans rien trouver à y redire, et puis un jour trouver en soi la force pour prendre le maquis et se confronter à autre chose.
Come and join us in the trenches
Red and purple by our side
Un monde recréé à volonté où l’arbitraire du regard donne aux choses une apparence nouvelle; on appelle ça la poésie. Et pas de la poésie qui regarde la pluie tomber par la fenêtre de son appartement. La batterie est là pour scander le rythme et ne laisser aucun doute quant à la teneur de la chose : nous sommes dans une épopée d’irréductibles apaches, une échappée de puta madre. Un voyage plein de furie, de poumons gonflés à bloc de désir, d’envie d’un ailleurs. Une tension vers l’inconnu, le nouveau.
Pour ça l’embarcation est sommaire : une guitare, une batterie, parfois quelques notes de piano ou de cuivres… Mais ce n’est pas ce qu’on a qui compte, c’est ce qu’on en fait. Il suffit de voir la transition magique entre « Walking », premier morceau gentiment enlevé, et cette course endiablée de « Red and purple ». Il y a là-dedans un souffle qui n’en démord pas et qui habite véritablement Visiter. Une main tendue vers la transe, une musique de chamans, une invitation à embarquer sur une galère aux voiles déchirées et à ramer ferme vers un possible territoire où la tiédeur n’a pas sa place. Un voyage à la force des bras et des tripes où les rameurs sont poussés vers l’avant par le rythme enfiévré de la batterie de Logan Kroeber et la voix tantôt aimante tantôt hurlante de Meric Long.
Il y a de la magie là-dedans, de la magie rouge en vérité, qui s’insinue dans le sang et part du cerveau pour aller dans les tripes avec le cœur au centre de toute chose. C’est de l’émotion pure, sans aucune prise de distance ou fioriture. Tout est tendu vers un point indéfinissable, un point vers lequel on se trouve soudain appelé à courir à notre tour comme si notre vie en dépendait. Parfois en gueulant, et ça fait du bien.
Visiter est un album qui apprivoise celui qui l’écoute bien plus que l’inverse, un album sans cesse nouveau, redécouvert (combien d’écoutes avant de comprendre qu’ « Undeclared » n’est pas un duo ?). C’est un territoire vaste, escarpé, changeant sous la lumière ; à force de l’arpenter on finit par s’apercevoir non seulement qu’on n’en fait jamais le tour, mais surtout que c’est ce territoire qui finit par nous envahir. Nous sommes habités par Visiter, et nous en tirons une grande joie.
Da!
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