lundi 9 mai 2016

渚にて - 新世界 (Nagisa Ni Te - Le nouveau monde)


Au début tu n'entends rien. Tu n'es pas habitué, les chansons normalement elles n'attendent que toi pour commencer... Tu regardes autour et rien ne vient qu'un bruit qui s'épaissit, une vibration inamicale qui finit par s'effiler en charpies d'étincelles.
Alors tu comprends: la musique a traîné en route et, perdue dans ce sur quoi ses yeux se posaient, elle t'a fait attendre. A présent elle est là et elle te raconte tout.
(le vert de l'herbe
le blanc de la neige
la vérité que, seule, je veux connaître)

Tu ne crains pas les promenades lentes. Et puis, même, tu décides de laisser un temps le monde tourner. Toi dessus, tu tournes au même rythme. Nagisa Ni Te a l'air de trouver que c'est bien. Ça flotte comme suspendu, ça traîne franchement pour qui ne sait pas se laisser habiter par un air venu du dehors, mais Nagisa Ni Te trouve que c'est bien et toi tu décides, pour une fois, de te laisser porter.
(Tout va bien, me dis-tu: ton âme peut m'éclairer à tout moment)

Chez toi, dans le dehors, le ciel passe parfois des jours à ne rien laisser filtrer. Alors parfois tu cherches et fugacement tu trouves de la lumière dans des yeux noirs. D'autres fois ils regardent ailleurs et tu sais qu'il ne servirait à rien de chercher où ils vont : c'est loin et c'est impénétrable. Sans doute ils ne te raconteront ensuite pas leur voyage, et c'est comme ça et c'est un peu beau malgré tout, parce que quand même ils naviguent et tu perçois des reflets de choses quand ils reviennent à toi.
Parfois tu penses que si on est affamé on est condamné à crever de faim en permanence. Parfois tu crèves de faim, tes épaules commencent à faiblir sous le poids, sous un poids.

Nagisa Ni Te repeint le décor, tu ne penses plus au mouvement, tu t'es arrêté depuis longtemps déjà (ou depuis quelques secondes peut-être), tu regardes tout autour et ce qu'il y a existait déjà avant, mais vient d'être réinventé par la musique (« Le nouveau monde »). Ça et d'autres choses, tu en viens à douter d'avoir jamais été angoissé ou effrayé, puisqu'il peut exister une telle douceur tranquillement lascive. Et parfois revient cette sorte de bruit pointu; il finit par s'effacer devant la langueur mais il est là. Il faudra faire avec; à danser d'un pied sur l'autre tu perdras parfois l'équilibre et puis après? Tomber et se relever, tu sais faire depuis des années déjà.
(L'obscurité de la nuit
La distance des étoiles
Même les souvenirs de voix à présent disparues)

Oui, ce qu'il y a c'est que dans un rêve il y avait quelqu'un de mort depuis des années. Ensemble vous faisiez un voyage que vous n'avez jamais pu faire et, dans ton rêve, tu te demandais sans cesse "mais pourquoi sommes-nous restés tant de temps sans nous voir?"
Les paysages s'accordaient à cette chanson, ils étaient vastes et caressés par le vent. 
Tu t'es réveillé sans amertume.


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