vendredi 19 juin 2015

Powerdove - Arrest

Arrest est le deuxième album (au milieu de quelques EP) de Powerdove, et de Powerdove il n'est que temps que l'on parle ici parce que c'est tout de même autre chose.


Au commencement il y a la voix d'Annie Lewandowski. Voix parfois blanche, parfois virevoltante et imprévisible, comme atterrie là on ne sait d'où. La voix est adossée à des instruments qui font tantôt la tempête, musique incarnée comme mille diables qui se débattent et se cognent les uns dans les autres, tantôt la nuit calme, les diables se trouvent enfin, dansent et puis s'enlacent. Quelle que soit la teneur du sentiment qui habille une chanson, c'est toujours une vie intense qui la caractérise. Le mariage du tourment ou de l'étonnement instrumental et de l'implacable force intérieure de la voix fait tourner la tête dans un mouvement de spirale qui aspire vers le haut. Ça sonne parfois comme un chant religieux, mais au dogme païen et dansant, qui adorerait l'ombre et la lumière dans un même mouvement.

Il y a plusieurs couleurs qui font se souvenir que la joie est affaire de chaos en dedans, là où le cœur cogne quand il va; alors les suppliques convulsent et les aveux brûlent. On se trouve jeté dans une cavalcade dont on ignore l'origine et le but, mais dans laquelle on se trouve enfin entier. Quand la tourmente s'apaise, on a l'impression de regarder le ciel pour la première fois. Tout est réinventé.

Musiciens: John Dieterich et Thomas Bonvalet, en complémentarité parfaite. De l'âme et du souffle avec de la chair pour les faire exister et trembler. Précisons en passant que Thomas Bonvalet est la plus grande bête de scène de la musique contemporaine. Quand il joue on a le sentiment qu'il existe soudain dans un état autre à travers les deux ou trois instruments biscornus et imaginaires dont il s'emploie à tirer en même temps des sons qui n'existent pas.

L'album va son chemin entre attaques de diligence et nuits à la belle étoile. Ça gronde parfois, à d'autres moments ça dit oui et ça respire profondément. Surtout il y a une harmonie constante, et parfois contre-nature semble-t-il, entre les éléments éclatés qui constituent cette musique et la rendent unique. Pour autant ça ne se répand jamais dans la facilité du foutraque pour le foutraque parce que c'est habité, pour de vrai.

Arrest peut paraître indomptable : il l'est. Mais il se laisse approcher pour peu que l'on accepte d'avancer désarmé vers lui; il nous emporte alors sur son dos et c'est peu dire que le voyage est grisant.
« Est-ce que tu brûles ? » demandait le titre de l'album précédent.
Oui, beaucoup.

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