Avant de commencer, quelques précisions
préalables :
- nous aborderons ici quelques scènes
précises du film, mais rien qui ne dévoile trop l'intrigue ;
de toute façon le titre en lui-même est du genre à annoncer la fin
assez rapidement.
- n'ayant pas lu le récit de Solomon
Northup, et ce dernier ayant été retravaillé par le scénariste
John Ridley, les critiques qui suivront porteront sur le scénario en
lui-même sans savoir quelles parties de ce dernier viennent du témoignage à
proprement parler.
- quand la nouvelle est tombée que
Steve McQueen allait réaliser un film sur l'esclavagisme, notre joie
et nos attentes ont été immédiatement été très grandes. Les
réussites que sont Hunger et
Shame nous faisaient
espérer qu'avec 12 years a slave McQueen
et sont talent allaient livrer une œuvre définitive sur le sujet,
un peu comme Pasolini l'avait fait sur le fascisme avec Salò
ou les 120 Journées de Sodome. Bien
évidemment, plus les attentes sont élevées, plus la déception est
grande, plus le verdict est sévère.
- nous
partons du principe que certains sujets obligent, et que la décision
de les aborder par un biais artistique ou culturel appelle
immanquablement un surcroît d'exigence de la part de ceux qui créent
comme de ceux qui reçoivent. Si un spectateur qui se respecte peut
très légitimement se laisser aller à l'émotivité devant une
bluette conçue pour faire pleurer Margot, il n'en va pas de même
quand le sujet est un crime contre l'humanité.
Fin du
préambule.
Pas
plus tard qu'hier soir, alors que se déroulait le générique final
de 12 years a slave,
mon voisin de rangée claquait joyeusement des doigts en écoutant le
chant religieux des esclaves qui sert d'accompagnement audit
générique. Si j'avais déjà de sérieux doute sur la réussite de
l’œuvre, cette réaction-là m'a paru plus qu'éloquente. La faute
n'en revient pas à mon voisin de rangée, elle est celle du film.
Sans tomber dans une sorte de calvinisme, il semble tout de même que
le traitement cinématographique de faits historiques graves devrait
être accompli de telle sorte que les spectateurs qui sortent de la
salle ne se sentent pas d'humeur swing. Quand les lumières se
rallument à la fin de Salò,
les spectateurs qui n'ont pas fui la salle disent rarement « Tiens,
si on allait se faire une choucroute ? »
Le
constat premier était donc celui-ci : dans l'impact qu'il a eu
sur ce spectateur, 12 years a slave est
un échec. Il convenait alors de se demander pourquoi. Cette question
posée, les réponses commencent à affluer et les organiser n'est
pas chose facile. Pardon d'avance, donc, si ce qui suit est un brin
bordélique.
On
peut déjà se demander si le choix du personnage principal (et du
prisme à travers lequel le sujet est dès lors abordé) et de
l’œuvre matricielle est judicieux. Dans un entretien accordé à
Michel Ciment dans le Positif daté
de Janvier 20141,
Steve McQueen explique qu'à l'époque où se déroule le film seuls
10% des Africains-Américains sont des hommes libres. Pourquoi alors
choisir dès le départ de suivre le parcours d'un membre de cette
petite minorité pour parler d'un phénomène, la réduction en
esclavage, qui était l'unique horizon des 90% restants ?
On
peut arguer que ce qui compte ici c'est l'existence d'un témoignage
immédiat, d'époque, et cet argument n'est certes pas négligeable.
Mais il soulève quelques questions.
La
première est moyennement légitime puisque posée a priori (voir le
deuxième point du préambule) : n'est-il pas permis d'émettre
l'hypothèse que pour que le récit d'un homme noir sur
l'esclavagisme soit publié (et représenté sur scène) dans un pays
alors très majoritairement raciste, et partiellement esclavagiste,
ledit récit doit sans doute ne pas toucher aux fondements de la
question, ni remettre en cause la civilisation occidentale d'alors ?
D'autant que l'auteur le dédie à Harriet Beecher Stowe, l'auteure
de la Case de l'oncle Tom,
roman censé être progressiste à l'époque mais qui fait vomir
n'importe quel lecteur du XXIème siècle au bout de quelques pages.
Sans doute, le témoignage à but purement informatif de Solomon
Northup était une entreprise excessivement honorable au mitan du
XIXème siècle, mais de nos jours cette approche est un peu courte.
D'autre
part, et nous touchons là à une question primordiale mais,
semble-t-il, peu posée concernant le sujet : est-il judicieux,
pour aborder la question du racisme et de l'esclavagisme, de
s'attacher à une personnalité parfaitement assimilée à la culture
blanche américaine d'alors ? Plus précisément, il nous semble
que le racisme s'attache beaucoup plus aux différences sociales qu'à
la simple question de la couleur de peau ou de l'origine. Ainsi au
XIXème siècle on a vu dans plusieurs pays des personnalités
noires admises par les plus hautes sphères parce qu'elles étaient
issues d'une élite intellectuelle, le plus souvent formée et
acquise aux valeurs et principes de la civilisation occidentale,
pendant qu'était reniée l'humanité de millions d'hommes et de
femmes noirs sans que ce paradoxe ne pose véritablement de problème.
Plus tard (et aujourd'hui encore) on a pu observer la subsistance de
ce phénomène. Deux exemples éloquents au hasard :
-
les jazzmen noirs américains arrivant à Paris dans les années 50
et se voyant traités d'égal à égal, pris en considération et
admirés pour leur art, ils croyaient souvent trouver en France une
espèce de Shangri-La où le racisme n'avait pas cours, eux qui
étaient habitués aux vexations et aux privations de liberté aux
Etats-Unis2.
Mais il leur suffisait de voir avec quel mépris étaient traités
les ouvriers africains et, globalement, les immigrés vivant en
France pour déchanter et pour comprendre qu'il s'agissait là d'un
système de deux poids deux mesures où ce qui les sauvait était
leur statut social d'artistes ainsi que leur provenance du pays de la
modernité.
-
l'autre exemple appartient au fleuron de notre culture populaire :
dans Tintin au Congo (qu'il
faut continuer de publier ne serait-ce, comme le faisait remarquer
Joann Sfar, que pour montrer à quel point les Blancs peuvent être
cons) Hergé s'adonne sans vergogne au racisme et à la
représentation stéréotypée des Africains comme étant tous de
grands enfants barbares, mais dotés d'un bon fond. Pourtant dans son
album suivant, Tintin en Amérique (tiens
tiens), un renversement troublant s'opère : lors d'un passage
dans une ville a priori sudiste, un braquage de banque ayant mené à
un assassinat est évoqué. Dans un élan d'humour noir et mordant
qu'on ne lui connaissait pas, Hergé fait dire à l'employé de la
banque qui a appelé la police « J'ai donné l'alarme. On a
immédiatement pendu sept nègres, mais le coupable s'est enfui... »
Ce faisant, Hergé critique ouvertement les états ségrégationnistes
et le racisme qu'on y trouve. Pourquoi donc cet écart entre la
représentation des Noirs africains et celle des Noirs américains ?
On pourrait répondre en schématisant : parce que les Noirs
américains portent des chemises et des pantalons, et qu'ils vont à
l'église. Plus précisément, sans doute que dans l'imaginaire de
l'époque les Noirs américains étaient davantage assimilés à la
culture blanche, donc davantage civilisés. Le racisme d'Hergé est à
l'image du racisme ambiant : il rejette ceux qui ne partagent
pas le niveau éducatif institutionnel et les valeurs culturelles de
la majorité d'une société donnée.
Dès
lors, pour en revenir à 12 years a slave,
choisir de faire un film sur l'esclavage en s'attachant à un
personnage d'homme libre assimilé à la culture occidentale nous
semble dès le départ vouer l'entreprise du film à l'échec. C'est
prendre un fait historique par le plus petit bout de la lorgnette et
se condamner d'entrée de jeu à une représentation hollywoodienne -
quasiment criminelle elle-même quand on connaît l'impact des films
de masse sur l'imaginaire des spectateurs - des crimes contre
l'humanité. Du reste, comment un film intitulé 12
years a slave peut-il
décemment prétendre représenter avec réalisme la réduction en
esclavage alors que cette dernière était un travail de sape exercé
du berceau à la tombe ?
Les
fondations même du film de McQueen nous semblent donc au bas mot
bancales. Le problème est que le traitement cinématographique
(scénario inclus) du matériau de départ n'arrange rien. On voit
bien le but avoué du projet : dans une représentation aussi
réaliste que possible de ce qu'était l'esclavage, montrer comment
un personnage soumis aux pires humiliations survivra et gardera
espoir jusqu'à retrouver sa liberté volée. C'est honorable, le
problème vient de ce que la réflexion profonde sur la nature de
l'esclavagisme ne semble pas faire partie du programme, ce qui est
ennuyeux pour un film dont c'est le sujet. C'est là que notre colère
commence à gronder un brin.
Alors
que McQueen est conscient de la chose puisqu'il dit en interview que
« [l'esclavage] est l'activité industrielle la plus longue que
l'Amérique ait jamais connue » et qu'il montre l'importance
des enjeux financiers que représentent les esclaves pour leurs
propriétaires, jamais il n'interroge véritablement la nature et
l'origine économique au cœur de cette pratique. Les esclavagistes
nous sont montrés comme plus ou moins haineux à l'égard des Noirs,
mais jamais ne se pose la question du modèle économique dont
l'esclavagisme est le signe, à savoir, à peu de choses près :
le nôtre.
Et
ce qui est particulièrement irritant avec 12
years a slave, c'est
qu'il nous livre une lecture de l'esclavagisme favorable à la
conscience capitaliste, alors même que l'esclavagisme (et, après
lui, le colonialisme et la mise en exécution des massacres nazis)
est nourri par la culture du profit et ses corollaires (pour les
crimes nazis, l'application des méthodes de production industrielle
à une entreprise d'éradication de populations entières).
Ainsi,
de nombreux passages du film renvoient à cette mentalité
capitaliste sans même que cela semble conscient, comme si une
lecture américaine (Steve McQueen est certes britannique, mais son
scénariste est américain) de l'Histoire ne pouvait se faire en
dehors des clous posés par ce modèle économique.
L'exemple
le plus choquant est peut-être celui concernant Mistress Shaw (soit
dit en passant, ce personnage est, de l'aveu de McQueen lui-même,
simplement évoqué en une phrase dans le récit de Northup ;
ses propos ont donc été créés de toute pièce par le
scénariste) : cette épouse noire d'un propriétaire d'esclave
affirme, en substance, que si sa vie et son confort dépendent de sa
tolérance à l'idée d'être la femme de son mari et de devoir de
temps à autres subir les désagrément que cela implique, alors ça
lui convient très bien et il est inutile de chercher plus loin. Si
l'on en reste à la surface de cette scène on peut la trouver
presque anodine, ou se dire à la rigueur qu'il s'agit d'une sorte
d'inversion des rapports de force maître/esclave (idée également
ébauchée par la fascination qu'exerce l'esclave Patsey sur son
propriétaire Epps). Mais si l'on creuse un peu on s'aperçoit que
cette scène illustre parfaitement l'idée qui parcourt le film dans
son ensemble, celle que la survie individuelle est quasiment
conditionnée par le déni du collectif et la soumission aveugle à
l'ordre établi, quel qu'il soit. Parce que les choses sont ce
qu'elles sont, et qu'il en est ainsi.
C'est
aussi ce que dit le propriétaire Ford, dont la personnalité certes
contradictoire ne soulève en rien la question d'une adhésion
absolue à l'ordre établi, même s'il semble parcouru par moments
d'élans humanistes.
C'est
ce que montre la scène où un esclave du Nord se jette dans les bras
de son maître venu le sauver des plantations du Sud sans que ce fait
soit un tant soit peu interrogé.
C'est
enfin ce qui meut la survie de Northup : non pas le rejet d'un
système inhumain, non pas la révolte face au déni de son humanité,
non pas la déshumanisation de lui et de ses semblables, mais le
désir de conservation de sa structure familiale et de sa position
sociale. Et voilà qui gêne. On sait que les survivants des camps de
concentration ont pour la plupart vécu le reste de leurs jours en
souffrant de la question « Pourquoi ai-je survécu là où les
autres sont morts ? », ce qui a mené certains à la folie
ou au suicide. Ici, cette question n'est même pas soulevée. Ceux
qui finissent par sauver leur peau profitent de l'aubaine, mais à
aucun moment ils ne semblent, ne serait-ce qu'un tant soit peu,
véritablement troublés par la perspective de partir en abandonnant leurs
semblables à leur sort, ni hantés par le souvenir de ceux qui sont
restés. L'effet est extrêmement gênant : on a l'impression
que ces personnages n'ont aucune sensibilité, aucune capacité de
réflexion... En bref, qu'ils n'ont pas d'âme.
On
est de plus tenté de voir là une sorte d'affirmation de la
suprématie de l'individu sur le collectif donc, idée au cœur du
projet capitaliste, qui ne s'encombre pas du destin des faibles ou
des personnes d'extraction inférieure. Et quand la question de la
justice se pose, c'est sans s'encombrer de quelque scrupule que ce
soit que le scénariste fait, en substance, dire à ses personnages
que Dieu y pourvoira.
Ce
recours à l'hypothétique justice divine pour faire passer la pilule
d'une existence terrestre insupportable est un des éléments
primordiaux de l'intégration de la religion au modèle capitaliste
(religion qui, cela dit, porte dans son ADN même ce message
d'acceptation passive de l'ordre établi, même s'il est injuste, au
prétexte que dans l'autre monde ça sera mieux). D'aucuns appellent
ça l'opium du peuple. Ainsi, la réponse « critique »
apportée par le film au système esclavagiste et à ses crimes
contre l'humanité est en quelque sorte « Vous savez, les
choses sont ce qu'elles sont, on n'y peut rien, autant essayer de
sauver sa peau, chacun pour soi et Dieu pour tous. »
On
n'attendait bien évidemment pas de ce film une relecture marxiste de
l'Histoire ou un appel à l'insurrection a posteriori. Mais décider
d'aborder l'esclavagisme sans jamais soumettre ce système au
questionnement, ni le mettre en perspective avec notre civilisation
(dont il est le pur produit), voilà qui est indigne.
Devrions-nous
en être surpris ? Non. Il suffisait de voir l'accueil triomphal
que les institutions hollywoodiennes ont fait à ce film pour savoir
qu'il n'allait rien remettre en cause, rien critiquer, qu'il n'allait
pas susciter le malaise, en un mot qu'il allait être désespérément
consensuel. Mais bon, on espérait malgré tout autre chose de Steve
McQueen. On est tenté de croire que ce dernier s'est perdu dans ce
qui, de son propre aveu, l'a le plus impressionné dans le témoignage
de Solomon Northup, à savoir le sens du détail. Et on le comprend,
il y a là bien sûr matière importante à mise en scène et à
représentation. Mais quand même, sans connaître les sévices
infligés aux esclaves sous leurs moindres coutures, on se doutait
bien que leurs propriétaires ne sonnaient pas la fin de la journée
de travail à 17:00 pour servir le thé à leur masse salariale. Un
détail est intéressant quand il est signe de quelque chose ;
s'il est là par souci de réalisme mais que ce réalisme n'est que
de façade, il n'avance pas à grand chose.
Mais
sur ce point reconnaissons au film la puissance incontestable de deux
scènes nourries par ce souci de réalisme. La première est celle où
Northup est pendu pendant ce qui semble être une éternité au
milieu d'une cour et survit à grand peine, du bout des pieds, tandis
qu'autour de lui chacun (maîtres et esclaves) vaque à ses
occupations. On a là une illustration magistrale des conséquences
de l'instauration du système déshumanisant qu'est l'esclavagisme :
on s'accommode de la souffrance, on apprend à ne pas regarder, on
pense à soi. La seconde est ce plan-séquence magistral au cours
duquel Epps force Northup à fouetter une autre esclave ;
Michael Fassbender et Chiwetel Ejiofor sont extraordinaires dans
cette construction perverse qui finit dans une explosion de colère
où, pour une fois, l'appel au jugement divin prononcé par
Northup ne sonne pas de manière vaine (que pourrait-il dire ou faire
d'autre dans cette situation que condamner son maître à l'enfer?).
Lors de ces deux scènes on retrouve la force de la mise en scène de
McQueen. Le reste du temps il se contente du minimum syndical, il
fait du Spielberg en pantoufles, sa réalisation ne montre aucune
présence au sujet, aucun point de vue.
Finalement,
et ça vaut ce que ça vaut, peut-être que ce qu'on attendait de ce
film c'était une remise en cause de la représentation du monde et
de la civilisation occidentale. Et que cette remise en cause soit
nourrie par une saine et ardente colère. C'était peut-être trop
espérer, mais comme l'objet de ce blog demeure de mettre en avant et
par dessus tout un esprit constructif, nous terminerons en évoquant
un film qui a su mettre en lumière et critiquer de manière
magistrale le rapport de force Nord-Sud qui a nourri l'épanouissement
du capitalisme, et nourrit aujourd'hui encore sa carcasse.
Ce
film c'est Vénus noire
d'Abdellatif Kechiche, qui a souffert à sa sortie d'un accueil
critique et public moins que tiède, accueil qui était signe en
soi de ce que ce film appuyait là où ça fait mal. En choisissant pour
toile de fond une société occidentale basculant dans l'ère moderne
alors même qu'au loin l'esclavagisme bat son plein, Kechiche en dit
bien plus long sur la déréliction annoncée d'une civilisation. Le
résultat est un miroir tendu glaçant, car lucide, et le portrait
sublime3
d'un personnage emprisonné de toutes parts par les regards portés
sur elle mais qui parvient, telle Sisyphe descendant vers son rocher,
à arracher des instants de bonheur à un monde qui lui refuse ce
simple droit.
12 years a slave est
un grave échec qui a au moins le mérite de prouver, si besoin
était, qu'il n'y a rien d'intéressant ou de constructif à attendre
d'un cinéma adoubé par Hollywood (le pouvoir est conservation, pas
création) et que nous sommes globalement incapables d'exercer un regard critique
sur nous-mêmes (voir le concert de molles louanges des critiques au
sujet de ce film).
Vénus noire est l'antidote.
Vénus noire est l'antidote.
1 Et
dont sont extraites toutes les citations du cinéaste qui suivront.
2 À
ce sujet on lira avec intérêt le livre regroupant les réponses
faites par 300 jazzmen à la mécène Pannonica de Koenigswarter qui
leur demandait quels seraient leurs trois vœux. A cela beaucoup
répondaient « Être blanc. »
3 Ce
en quoi 12 years a slave échoue
également, McQueen semblant bien plus fasciné par Epps et son
interprétation phénoménale signée Michael Fassbender que par son
personnage principal de plus en plus falot à mesure qu'avance le
film.