mardi 26 novembre 2013

Tim Hardin - 1


Autre question de l’œuf et de la poule: les chansons sont-elles tristes à cause de la vie qui les a inspirées, ou bien chanter des chansons tristes rend-il malheureux?

Tim Hardin aimait raconter qu'il était le descendant du hors-la-loi John Wesley Hardin.

Comme beaucoup il aime le blues, mais comme quelques-uns élus à la merde de poule (Jackson C. Frank étant le maître-étalon), il est aimé du blues; mélancolie et insatisfaction, 1941-1980.

Don't make me listen to words you think will please me
When pleasing me don't mean anything to you

La vibration d'où sont nés Stuart Staples, Antony Hegarty, tant d'autres: Tim Hardin chante parfois avec une voix de cow-boy lucide; plus souvent avec la voix d'un homme blessé; quelque fois avec la voix du vrai soulman, celui qui met son âme sur la table parce qu'il souffre tellement qu'il n'est même plus sensible au regard d'autrui: ce qui est dit se passe entre lui et la douleur.

Parfois on se demande si Tim Hardin n'a pas passé la majeure partie de sa vie à voir la mort venir, et peut-être à trouver qu'elle traînait en chemin. Pour chanter ces choses-là avec cette voix-là, on doit bien voir quelque chose que d'autres ne perçoivent pas.

Does it ease your heart to say
Tomorrow brings another way to lose you?

Il a découvert l'héroïne à l'adolescence, il y a pris goût au Viet-Nam. Il est revenu de la guerre à 20 ans, sans doute était-il déjà beaucoup plus vieux.

« Il y a ce truc parfois, tu sais, la chanson s'arrête comme suspendue... des points de suspension sonores. J'ai toujours l'impression que je vais tomber quand j'entends ça. Enfin mon corps tient, mais le reste... »

Tim Hardin avait du mal avec le succès et il s'est consciencieusement employé à scier la branche sur laquelle il était assis; à Woodstock, où il était censé jouer en ouverture de festival, il s'est présenté défoncé à un point tel que Richie Heavens a du le remplacer au pied levé. « Être trop défoncé pour ouvrir Woodstock », c'est amusant.

Tim Hardin a habité à Hawaï.
Tim Hardin a voulu élever des chevaux dans le Colorado.

It's a green rocky road, promenade in green
Tell me who you love
Tell me who you love

Tim Hardin a un rapport avec le temps construit sur la brièveté. La plupart des chansons de cet album ne dépassent pas les deux minutes trente, mais elles les remplissent et les rendent profondes comme des années.


Le premier album de Tim Hardin s'appelle 1.
C'est cohérent.
Il y a sur certains morceaux des arrangements de cordes magnifiques.
Ils ont été ajoutés par les producteurs après l'enregistrement.
Tim Hardin n'aimait pas ces arrangements de cordes.

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